Chez le cheval, la bouche est bien plus qu’un simple outil de mastication. C’est un pilier de sa santé, de son confort et même de ses performances. Pourtant, les soins dentaires restent encore parfois négligés.
Contrairement à l’humain, les dents du cheval poussent tout au long de sa vie. À l’état naturel, l’usure s’équilibre grâce à une mastication quotidienne de fibres abrasives. Mais nos modes d’élevage modernes (foin tendre, rations concentrées, repas fragmentés) ainsi qu’une espérance de vie plus longue qu’autrefois viennent perturber ce processus. Résultat : des dents usées de façon irrégulière, des pointes coupantes (les fameuses « surdents »), parfois invisibles mais bien douloureuses.
Des signes souvent discrets mais révélateurs
La mastication est la première étape de la digestion : elle permet de broyer efficacement les fibres végétales et prépare l’estomac à son travail. Lorsqu’un cheval souffre de douleurs dentaires, ce geste devient laborieux. Il peut alors mâcher lentement, trier son alimentation ou laisser tomber des boulettes de foin.
D’autres indices sont plus subtils : refus d’obstacle, raideurs, difficultés à s’incurver ou défenses au mors peuvent révéler un inconfort buccal. Dans certains cas, une gêne dentaire mal identifiée est à l’origine de troubles du comportement. À plus long terme, une dentition négligée peut entraîner des complications sérieuses : coliques, infections, caries profondes, fractures, sinusites, voire perte d’état général. Autant de situations qui pourraient être évitées ou atténuées grâce à un suivi préventif régulier.
Un suivi indispensable
Un examen dentaire exige calme, précision et matériel spécialisé. La sédation, aujourd’hui largement recommandée, joue un rôle central : en détendant le cheval, elle lui permet de rester calme, facilite l’accès à l’ensemble de la bouche et garantit la sécurité de l’animal comme du praticien. En tant qu’acte médical, elle doit être administrée par un vétérinaire.
Le premier contrôle est recommandé entre 2 et 3 ans, avant le débourrage. Il permet de corriger d’éventuelles gênes avant l’introduction du mors. Par la suite, un suivi annuel est généralement conseillé, mais la fréquence peut varier selon l’âge, la ration, le travail fourni, ou encore l’état de santé global du cheval. Les jeunes en croissance ou les chevaux âgés peuvent nécessiter un contrôle tous les six mois. À l’inverse, un cheval adulte, bien suivi et en bonne santé, pourra être examiné tous les deux ans.
Une discipline en pleine évolution
La dentisterie équine a beaucoup évolué ces dernières années. De plus en plus de vétérinaires se spécialisent, et l’arrivée d’outils modernes (fraises diamantées, sondes, radiographies mobiles) permet aujourd’hui des soins plus précis et respectueux du bien-être de votre cheval. Ces avancées rappellent que la dentisterie n’est pas un confort accessoire, mais bien un volet essentiel de la médecine vétérinaire, au même titre que les vaccins ou la gestion du parasitisme. Prendre soin de la bouche de son cheval, c’est préserver sa digestion, son confort quotidien et, à terme, sa longévité.
Et pour nos chiens et chats ?
Nos compagnons à quatre pattes peuvent eux aussi souffrir de problèmes dentaires : tartre, gingivite, dents cassées… Le plus souvent, ils passent inaperçus. Une mauvaise haleine, une salivation excessive ou un refus de croquettes doivent alerter. Là encore, un brossage des dents régulier ainsi qu’un contrôle chez le vétérinaire et, si nécessaire, un détartrage permettent de prévenir douleurs et infections.
Jennifer Benvegnen